Agra & le Taj Mahal

De Jaipur à Agra, le trajet en bus n’est pas vraiment plaisant pour moi, j’ai mal au ventre et au dos, et le bus est trop petit. Nous arrivons à Agra à 5,3 km (donnée Google Maps) du quartier où nous voulons résider. Les rickshaws en annoncent 9… En effet c’est bien ce qui est marqué sur un panneau, qui est soit une contrefaçon, ou alors qui annonce une sorte de périph’…

Nous décidons d’y aller quand même à pied, ce que je vais regretter fortement… En arrivant à la guesthouse, je suis extrêmement faible, j’avançais au radar les dernières minutes. Je dois être beaucoup déshydraté à cause de la diarrhée, nous n’avons pas beaucoup mangé dans le bus, j’ai mal au dos et des maux de tête. Je passe 3h horribles sur le lit à attendre que ça passe. Je ne pensais pas que ça évoluerait dans le bon sens aussi vite, j’ai dû prendre un coup de chaud.

Le soir nous verrons le Taj Mahal dans la pénombre depuis le toit de la guesthouse ; il se réserve pour le lendemain matin. Nous nous levons vers 5h30 pour être sur le site à 6h parce qu’apparemment au lever du soleil c’est magnifique. Après quelques queues (nous ne sommes pas les seuls bien entendu), nous voilà dans l’enceinte, et le bâtiment s’offre à nous progressivement.

D’abord une muraille, au-dessus de laquelle on peut apercevoir un bout, ensuite une gigantesque porte d’entrée dont l’encadrement le laisse apparaître au loin.

Puis à travers la porte il apparaît tout doucement.

Enfin le voici, entier ! Il doit être 7h30, et nous y sommes !

Il représente pour nous une des figures emblématiques de notre voyage, et nous mesurons à ce moment précis la chance que nous avons d’être ici. On est sur notre petit nuage, et ça fait du bien !

Petit point histoire : le Taj Mahal est un tombeau construit par un roi moghol en l’honneur de sa femme morte lors de l’accouchement de leur 14ème enfant. Trop romantique, non ? Attendez la suite. Pour faire ressentir à l’architecte le même sentiment et ainsi construire un bâtiment à la hauteur de son chagrin, ce roi moghol fait assassiner la femme de celui-ci… C’est pas idiot sur le fond… Dans la même famille, ce roi a été emprisonné par son fils pour lui prendre le pouvoir. Il verra le Taj Mahal depuis sa « cellule ».

Nous rentrons dans le bâtiment où se situe le tombeau, l’ensemble est sobre et majestueux à la fois. Malheureusement pas de photos à l’intérieur, enfin c’est ce qui est marqué, car beaucoup s’en donnent à cœur joie. Quel mépris ! Il manque à ce lieu une atmosphère silencieuse digne d’un tombeau, dommage.

Nous déambulons dans le parc, nous nous posons et savourons le moment. Le chat de Daphné aussi en profite.

Nous voyons pas mal d’oiseaux, des perruches et des aigles, et des écureuils.

Après moultes demandes et essais, nous avons notre photo !

Dernier regard…

Nous nous posons quelques minutes dans la chambre, la porte est entrouverte, je suis posé sur le lit à lire des informations pour le prochain site, et une banane est posée sur le lit à 20 cm de moi. Vous voyez le truc arriver ou pas ?

D’un coup je vois un truc débouler sur moi, je pousse un cri/hurlement pour exprimer mon mécontentement devant le singe qui prend la banane sur le lit. J’essaye de le suivre, c’est peine perdue. Je n’en reviens pas, il devait préparer son coup.

Nous nous dirigeons vers le fort d’Agra, construit par la même dynastie moghole que le Taj Mahal. Là encore de magnifiques pièces, dont la fameuse « cellule » avec vue sur le Taj.

Sur la fin je discute avec un guide parlant français avec un bon accent et une belle moustache.

Le soir, nous faisons la lessive, et au moment de passer à la douche, je n’ai plus d’eau. Et merde ! L’envers du décor à Agra… L’approvisionnement en eau est problématique, les moussons n’ont pas été généreuses les dernières années, on n’est pas très loin du désert, et il y a trop de monde pour ce que le sol peut fournir. Nous avons atteint ici le sommet de nos désagréments en Inde. Les rues sont sales, des milliers de détritus jonchent les rues, les vaches et les chiens errants n’aident pas, et pour couronner le tout, cela sent les égouts jusque dans la chambre la nuit… Alors comment peut-on parler de rêve quand on visite le Taj Mahal ? Il faut savoir faire la part des choses…

Le lendemain, nous prenons le petit déjeuner avec la meilleure vue possible (même si je pense qu’en Polynésie ce sera pas mal non plus^^).

Après avoir eu l’impression de nous être fait balader pour obtenir des billets en sleeper, nous en obtenons un qui part à 23h30. Ce n’est pas l’horaire idéal tout de même. On n’a pas d’autre choix que de prendre un rickshaw qui nous emmène à l’arrêt. Derrière un comptoir un peu sombre, le conducteur réveille un homme de 70 ans environ, apparemment c’est bien là. On a l’impression d’être dans un film, l’homme n’a plus de dents, on ne comprend rien à son anglais, je me fais engueuler, je m’éloigne de 10 mètres, je me fais engueuler… On est assis là, il est quasiment minuit, une faible lumière éclaire l’intérieur de la boutique, un long couloir mène à une arrière-cour dans lequel se trouve un lit de camp en bambou, et une route bruyante 2×2 voies passe devant. Un touriste allemand nous rejoint, cela nous rassure un peu sur la probabilité d’avoir un bus.

Peu après une coupure de courant ayant un peu plus assombri le tableau, on nous dit que le bus est là, de l’autre côté de la rue. En effet, nous montons, il est déjà plein à ras-bord. On vire des gens (qui devaient être sur nos places ?) pour que nous constations que la couchette ne fait pas 2 places de large, mais plutôt 1,5… De plus, il n’y a rien pour ranger nos sacs à dos volumineux, ils seront sous nos jambes… Dans la découverte de ce confort, nous n’oublions pas notre voisin allemand qui pour sa part doit partager sa couchette avec un autre homme.

La nuit promet d’être agitée…