Puno, au bord du lac Titicaca
Dans le bus qui va de Cuzco à Puno, nous dégustons de délicieux papas rellenas, une patate reconstituée avec de la purée et fourrée avec de la viande et des légumes, puis frite. Ça pique un peu quand même ! Il semblerait que les voyageurs ambulants payent leur billet de bus en vendant leur marchandise, puisqu’une fois monté dans le bus, notre fournisseur ira comme nous à la destination finale.
À Cuzco nous étions à 3300 mètres, ce qui fait déjà élevé, mais nous allons encore plus haut… Au détour d’un virage nous voyons apparaître le fameux lac Titicaca, plus haut lac navigable du monde, et autant vous dire qu’il est immense. Il se trouve sur les hauts plateaux andins, on a du mal à imaginer qu’on est à 3800 mètres d’altitude.
Nous trouvons un hôtel dans notre standing. La salle de bains est partagée, et il faut passer par dehors pour y aller. Malheureusement, l’eau chaude aussi doit être partagée, Sophia n’en aura pas la première soirée. La journée, il fait une chaleur supportable mais le soleil de plomb nous donne des coups de soleil, et le soir, il faut se couvrir, ça caille. Je crois que c’est la première fois du voyage que je sors mon bonnet. Dans la chambre il n’y a pas de chauffage, heureusement les couvertures sont fournies en conséquence.
Le Titicaca est tellement grand qu’il possède des îles sur lesquelles vivent des populations indiennes. Chassés par les Incas, ils ont développé leur mode de vie autour du lac, et notamment en construisant des îles artificielles à partir du roseau disponible en quantité quasiment infinie aux abords du lac. Nous décidons de faire la balade en bateau sur la journée sur ces îles d’Uros, appelées îles flottantes.
Après une petite demi-heure de bateau nous débarquons sur l’île, ou plutôt sur un tatami géant ! Les quatre mètres compressés de roseaux sous nos pieds forment un sol mou. Dommage que cela ne rebondisse pas.
Nous commençons par avoir un petit historique du lac, puis de l’histoire des peuples qui habitent ici. Puis commence le grand déballage touristique… On nous présente mille et un objets faits par les habitants, et on nous fait rentrer dans une petite cabane pour soi-disant visiter une chambre typique. Après deux minutes à l’intérieur on nous montre encore plein d’objets. C’est un premier moment hyper gênant puisque nous n’allons rien acheter à cette femme qui ne doit pas gagner beaucoup, même avec ce petit commerce.
La suite de la visite est une balade (payante) sur le lac dans les barques traditionnelles. C’est sympa mais y’a une petite subtilité : la barque est poussée par un bateau à moteur, c’est quand même pratique le progrès… Nous remontons ensuite dans le gros bateau à moteur, les villageois nous chantent un petit « Vamos à la playa » en repartant, deuxième moment gênant. L’impression globale est décevante : ces indiens ont un beau patrimoine et un savoir-faire de construction d’îles artificielles, et je trouve qu’ils le dénaturent, en voulant et en pensant faire plaisir à des touristes. On s’est un peu cru à Disneyland et apparemment comme ce petit business marche, de plus en plus d’îles voient le jour, on ne sait plus trop si elles sont habitées la nuit. Mais les panneaux solaires démontrent quand même le contraire.
En revenant des îles, on se balade dans Puno, on achète des avocats (il faut sa dose journalière à Albane :-).
Le soir nous mangerons une nouvelle fois dans un petit restaurant tenu par un péruvien très accueillant pour un prix plus que dérisoire (genre 1,25€ soupe, plat et tisane). Tous les clients sont tournés vers la télé pour suivre la téléréalité locale. On comprend qu’il y a du suspense, des gens éliminés, et des petites guéguerres entre les candidats. Classique.
Nous avions fait les îles artificielles la veille et il est possible de dormir sur les îles naturelles, un peu plus loin. Malheureusement pour nous, et nous ne le savions pas, il va falloir repasser par Disneyland… Je ne vous raconte pas.
En arrivant sur l’ïle d’Amantani nous sommes accueillis par une famille qui va nous loger pour la nuit. Les habitants ont mis en place un système à tour de rôle afin que chacun profite de cette manne. La chambre est loin d’être rustique. Elle est simple certes, mais propre et neuve. La douche aussi, mais on nous avait prévenus qu’il n’y en avait pas, donc nous ne sommes pas équipés pour nous doucher. Tant pis, l’eau froide avait l’air si bonne…
Nous nous baladons dans le village avant de monter au sommet de l’île, on doit bien être à 4000 mètres, mais cela nous semble moins difficile qu’à Cuzco, nos organismes ont dû s’habituer un peu. Nous arrivons sur le pic de la « Pachatata » (la « terre du père », en opposition à la « Pachamama », la « terre-mère »). Oui, les Incas ont fait un espèce de mix entre leurs religions reliées à la terre, et la symbolique catholique de la Vierge Marie. Ce qui nous donne la Pachamama, souvent célébrée en Amérique du Sud, nous y reviendrons.
La vue est magnifique d’en haut, le ciel est suffisamment découvert pour admirer au fil des minutes les évolutions de la lumière et des couleurs.
Nous nous couchons assez tôt au cours de notre voyage, sûrement dû au fait que la vie suit le rythme du soleil dans pas mal de pays. Vivre de nuit est le luxe de l’électricité abondante de nos pays développés. Cela permet à Albane et Sophia d’écrire leurs carnets de voyage.
L’accueil était rapide de la part de nos hôtes, ceux qui parlaient espagnol ont religieusement écouté le père de famille hier raconter les croyances et coutumes du village. Enfin une nuit c’était quand même court pour échanger plus que ça. Dans nos souvenirs asiatiques, au Myanmar et au Vietnam, il nous avait semblé que nos hôtes avaient une vraie envie d’échanger, et une vraie fierté de présenter leur mode de vie.
Nous repartons le lendemain par bateau pour Taquile, une autre petite île où les petits chemins en pierre sont agréables. Un peu en hauteur, ils permettent d’avoir une bonne vue. Nous apercevons la Bolivie de l’autre côté.
Pour la première fois de nos vies, nous voyons un arc-en-ciel circulaire. J’ai eu bien du mal à le prendre en photo.
En redescendant au port, nous tombons sur la laverie…
Nous mettrons un peu de temps à rentrer, le bateau n’avance pas très vite. Sur le pont je croise deux hommes quechua tricotant des bonnets et discutant en même temps. Quelle technique ! Sur le pont inférieur, Albane et Sophia proposent des biscuits autour d’elles, et se voient offrir des feuilles de coca en échange. Cette plante est considérée comme sacrée ici, et est utilisée pour ses vertus stimulantes (contre la fatigue, le mal de l’altitude, …). On les mâche, comme eux… et c’est vraiment pas bon, on s’efforce de ne pas grimacer. De plus, aucun effet ne se fera ressentir…
Le soir nous nous mettons en tête de manger une pizza. On avait croisé le Machu Pizza, on a cherché et on n’a pas trouvé. Ce sera une autre pizzeria et c’était très bien !